Cet article a été publié il y a 3 ans, il est donc possible qu'il ne soit plus à jour.
La crise sanitaire et les mesures mises en place pour freiner la propagation du virus ont conduit à de considérables changements au sein du monde du travail. La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) présente les résultats de la première enquête nationale statistiquement représentative concernant les conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de travail, les risques psychosociaux et la santé au travail.
L’état de santé psychique des travailleurs s’est fortement dégradé début 2021 avec un doublement du risque dépressif et une forte détérioration de la santé perçue.
Début 2021, pour la moitié des personnes en emploi, les conditions de travail ont peu changé par rapport à l’avant-crise sanitaire. Pour une minorité, elles se sont même légèrement améliorées. Pour un actif sur trois, le travail s’est en revanche fortement intensifié, avec néanmoins un soutien accru du collectif de travail et un sentiment renforcé de sens du travail. Enfin, un actif sur dix a connu une forte dégradation des conditions de travail, du fait d’une intensification du travail combinée à un manque de moyens pour effectuer correctement son travail et à un affaiblissement du collectif. Les femmes, les travailleurs des secteurs de la santé, de l’action sociale et de l’enseignement, une partie des cadres et professions intermédiaires en télétravail, ont davantage vécu une intensification et une dégradation de leurs conditions de travail.
Début 2021, l’état de santé psychique des travailleurs s’est fortement dégradé, avec un doublement du risque dépressif et une forte détérioration de la santé perçue, et ce d’autant plus que leurs conditions de travail ont été impactées par la crise sanitaire. 18% des actifs signalaient avoir contracté le Covid 19 depuis le début de l’épidémie, dont 5% (plus d’un actif contaminé sur quatre) attribuent leur contamination à leur travail.
La contamination attribuée au travail est plus fréquente en cas de contacts avec d’autres personnes, y compris durant les trajets en transport. Elle est également associée à certaines conditions de travail qui semblent rendre plus difficile le respect des gestes barrière, comme une intensité élevée du travail, un environnement professionnel bruyant, un manque de moyens ou des tensions avec le public. Le télétravail réduit la contamination dans le cadre professionnel. Cependant, les télétravailleurs ayant été contaminés pensent plus souvent l’avoir été hors de leur travail.
Conséquences sur les conditions de travail
54 % des travailleurs ont eu une relative stabilité des conditions de travail par rapport à l’avant-crise sanitaire et 32 % ont eu des conditions de travail en partie dégradées.
La crise sanitaire et les mesures mises en place pour freiner la propagation du virus ont conduit à de considérables changements au sein du monde du travail : l’activité s’est réduite ou a été stoppée dans certains secteurs alors qu’elle augmentait dans d’autres ; l’organisation du travail a été modifiée pour s’adapter au contexte (diffusion du télétravail, réorganisation du collectif de travail… ) ; les conditions d’emploi ont évolué avec l’extension du recours au chômage partiel.
Constat :
La crise induit une intensification du travail et une hausse de l'insécurité de l'emploi, mais aussi souvent un sentiment d'utilité accru.
Cependant on note une forte diversité des situations de travail pendant la crise sanitaire. On distingue les salariés selon 4 catégories :
- Peu d’impact pour 1 salarié sur 2 :
Il s’agit essentiellement d’hommes, ouvriers et employés, âgés de plus de 45 ans, et travaillant essentiellement dans l’agriculture, l’industrie et la construction.
On note une plus grande présence sur site que d'autres travailleurs mais une coopération et un soutien importants au sein du collectif de travail.
Les gestes barrières ont moins souvent représenté une gêne pour travailler.
- Intensification pour 1 salarié sur 3 :
Il s’agit essentiellement de femmes, cadres et professions intermédiaires, et travaillant essentiellement dans la santé, l’enseignement et le commerce de détail.
On constate :
- Des conditions de travail en partie dégradées :
Des horaires plus longs, plus atypiques et un travail plus intense
Une hausse de l'exigence émotionnelle
- Une réorganisation des collectifs pour faire face à la surcharge de travail :
Une plus grande autonomie pour les travailleurs, en présentiel ou en télétravail
Du respect pour le travail effectué
- Un renforcement du sens de leur travail, lié au caractère essentiel attribué à ces activités.
- Forte dégradation pour 1 salarié sur 10 :
Il s’agit essentiellement de femmes en télétravail, cadres et professions intermédiaires, et travaillant essentiellement dans la banque / assurance et l’enseignement.
On constate des conditions de travail fortement dégradées avec une hausse de la charge de travail, des horaires atypiques, un isolement relatif, une perte du sentiment d’utilité sociale des tâches effectuées, des problèmes de coopération au sein du collectif, et des difficultés à maîtriser les outils numériques de travail à distance.
- Accalmie pour moins de 1 salarié sur 20 :
Il s’agit essentiellement d’hommes, ouvriers et employés, âgés de moins de 34 ans, et travaillant essentiellement dans l’hébergement / restauration et les activités culturelles.
On constate :
- Des conditions de travail relativement meilleurs :
Une baisse importante de la charge de travail
Une baisse de la demande émotionnelle
Le maintien d'une coopération et d'un soutien social
Un renforcement du sentiment d'utilité dans le travail
- Mais une grande exposition aux risques psycho-sociaux :
Une hausse des horaires atypiques
Une plus grande insécurité socio-économique
Ampleur et facteurs de contamination des salariés
Les conditions de travail dégradées sont associées à une contamination accrue et à une dégradation générale de l’état de santé des salariés.
Début 2021, 18 % des salariés déclarent avoir été contaminés par le Covid-19 et 28 % d’entre eux pensent l’avoir été dans le cadre de leur travail.
La contamination liée au travail est plus fréquente en cas de contacts avec d’autres personnes, y compris durant les trajets en transport.
Elle est également associée à certaines conditions de travail qui semblent rendre plus difficile le respect des gestes barrière, comme une intensité élevée du travail, un environnement professionnel bruyant, un manque de moyens ou des tensions avec le public. Le télétravail réduit la contamination dans le cadre professionnel. Cependant, il est associé à un risque plus élevé de contamination en dehors de cette sphère.
Dégradation de l’état de santé des salariés
30 % des salariés déclarent un état de santé altéré en janvier 2021 , contre 25 % en 2019.
Au niveau de la santé psychique, la dégradation est encore plus forte : 23 % des salariés ont un score WHO 5 associé à un risque élevé de dépression, plus du double de la proportion mesurée en 2019.
Au-delà des effets de l’épidémie elle-même et de l’insécurité liée à la situation sanitaire, cette dégradation peut être en partie expliquée par les évolutions des conditions de travail : durée du travail, horaires, intensité, objectifs, autonomie, exigences émotionnelles, etc…
Ainsi, les individus des groupes « intensification » et « dé[1]gradation » sont respectivement 36 % et 50 % à déclarer un état de santé altéré, contre moins de 30 % pour les autres groupes.
C’est aussi le cas du risque dépressif (28 % et 53 %, contre moins de 20 %).
De la même manière, les personnes de ces deux groupes sont plus nombreuses à déclarer une hausse des troubles du sommeil, des douleurs plus fréquentes ou plus fortes, que l’inverse.
Références
Communiqué Ministère du Travail du 10 juin 2021.
Publication DARES « Covid-19 : quelles conséquences sur les conditions de travail et les risques psycho-sociaux ? » - 28 mai 2021.
Publication DARES « Quels sont l’ampleur et les facteurs de contamination des travailleurs au Covid-19 ? » - 28 mai 2021.
Enquête TRACOV « Le vécu du travail et du chômage pendant la crise sanitaire liée au Covid-19 » - 25 janvier au 7 mars 2021.
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