Rapport de la DGAS sur les tensions de recrutement et perspectives jusqu'en 2030

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L'inspecteur général des affaires sociales a remis au Ministre du Travail son bilan de 18 mois de mission d’accompagnement de plusieurs branches professionnelles en matière de recrutement.

Rapport de la DGAS sur les tensions de recrutement et perspectives jusqu'en 2030
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Philippe Dole, inspecteur général des affaires sociales honoraire, a remis le 8 novembre au Ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt, son bilan de 18 mois de mission d’accompagnement de plusieurs branches professionnelles (transports routiers, boulangerie et pâtisserie artisanale, boucherie, charcuterie de détail et traiteurs, métallurgie, conseil et numérique) dans l’objectif de diagnostiquer la cause des tensions de recrutements et mettre en place des mesures structurelles en vue de les réduire.

Rapport

Dans un contexte d’accentuation des tensions au sortir de la crise, la mission a permis l’établissement de diagnostics partagés et de propositions d’actions débouchant sur des engagements précis, dans une approche globale : promotion des métiers, préparation des jeunes et adultes disponibles pour un emploi, action sur la qualité de vie au travail, consolidation des liens avec l’école et avec le service public de l’emploi…

Cette approche vise à accompagner les branches à mettre en place des leviers structurels pouvant concourir à la résorption des tensions de recrutement et à utiliser toutes les potentialités de l’offre de service mise à disposition par l’État.

Cette mission a abouti à la signature de chartes signées par les partenaires sociaux des branches avec les ministres concernés et traduisent des objectifs et des engagements partagés :

  • Les négociations conduites au sein des branches, portent notamment sur les rémunérations, classifications, la protection sociale, et témoignent d’ores et déjà des progrès enregistrés ;
  • Le resserrement des liens des branches avec Pôle Emploi s’avère fructueux. La croissance significative du dépôt des offres d’emploi enregistrées, des mises en relation (+ 26 % entre 2019 et 2022), des entrées en formation, témoignent des progrès de la coopération engagée ; les missions locales enregistrent une forte croissance des entrées en formation dans les métiers ciblés ;
  • Les branches ont su nouer un dialogue constructif avec le ministère de l’Éducation nationale, portant sur les certifications, comme sur la formation des enseignants et professionnels de l’orientation. Ce ministère enregistre une stabilité dans ses formations initiales entre 2019 et 2021 malgré l’impact de la crise sanitaire ;
  • L’ANACT a lancé une démarche d’accompagnement des secteurs des transports et du numérique, sur les questions d’aménagement des conditions et des temps de travail ;
  • Les services de l’État sont désormais engagés dans la mise en œuvre opérationnelle des engagements définis dans les six chartes signées. La démarche s’inscrit dans le plan de réduction des tensions de recrutement, lancé par le ministère du Travail en septembre 2021 et dont la deuxième phase vient d’être annoncée par Olivier Dussopt, le 14 octobre dernier.

Les difficultés de recrutement vont persister. Le rapport indique en effet que les tensions sur certains métiers sont devenues une constante, et contrairement à ce que la théorie économie a souvent prédit, elles peuvent fort bien s’accommoder d’un niveau élevé de chômage.

Les très petites entreprises sont les plus fragilisées sur les métiers en tension. L’une des solutions serait l’élargissement des critères de recrutement, la formation interne, les évolutions professionnelles de collaborateurs existants, voire le recours à l’intérim.

Le rapport relève aussi les effets de bord des politiques publiques mises en œuvre pour relever ces enjeux. Il note que «de multiples réformes ont été adoptées, qui peu ou prou s’attachaient à tel ou tel facteur de tension et se sont efforcées de rapprocher l’école et l’entreprise». 

Selon les données prospectives à l’horizon 2030 publiées par France Stratégie, «la baisse relative de la population âgée de 25-54 ans devrait se poursuivre et la croissance de la population aux extrémités de la pyramide des âges ne permettrait pas de contrebalancer la diminution de la population au cœur de l’activité professionnelle, âgée de 30 à 50 ans». Toujours selon France Stratégie, la situation en 2030 serait la suivante: le pays compterait 12,5 millions d’actifs diplômés du supérieur, soit 1,8 million de plus qu’en 2018, la part des diplômés de l’enseignement supérieur dans la population active atteindrait alors 48%, soit six points de plus que la part actuelle (42%) et presque quatre fois plus qu’en 1986 (14%).

Le rapport préconise «d’agir simultanément sur de multiples facteurs et acteurs» et insiste sur le rôle des branches professionnelles dans le processus en listant les six axes guidant les plans d’actions qui leur ont été présentés: agir sur l’orientation et la relation école-entreprises ; sur la promotion, l’attractivité des métiers et des rémunérations, ainsi que sur la qualité de vie au travail, dans la cadre de la négociation collective ; sur le marché du travail au moyen de conventions de partenariat avec le service public de l’emploi (initiative de Pôle emploi) ; optimiser le cadre administratif et les voies de certification et d’évolution professionnelle en renforçant le dialogue entre les branches et les pouvoirs publics ; anticiper, ajuster et réguler l’effort de formation ; enfin, piloter le plan et évaluer.

Référence

Communiqué du Ministère du Travail du 8 novembre 2022.